Le Français est devenu champion d’Europe amateur des -54 kg, le 30 mai, à Erevan, au terme d’une démonstration, en finale, devant l’Irlandais Dylan Eagleson. En revanche, Lounès Hamraoui (-63,5 kg) n’a rien pu faire contre l’Arménien Hovhannes Bachkov et repart avec une très belle médaille d’argent.
C’était à Billal Bennama (-54 kg) qu’il revenait d’ouvrir le bal. Le regard serein, il s’accordait quelques secondes initiales pour jauger les intentions du Britannique qui… ne se découvrait pas. Puis, au bout d’une minute, la première droite du Tricolore jaillissait et faisait mouche. L’Occitan tournait ou alternait distance - mi-distance dans l’axe mais sans jamais rester en face de son rival. Mais même toujours en mouvement, c’était lui le plus actif. Certes, il était parfois pris dans son élan et se retrouvait alors trop près de son opposant au moment de déclencher. Qu’importe, il parvenait au demeurant à toucher. Surtout, grâce à sa mobilité, il se plaçait systématiquement hors de portée de l’Irlandais.
Dans le second opus, ce dernier, se sachant distancé au pointage, se montrait plus incisif mais brassait de l’air. En effet, nombre de ses attaques n’atteignaient pas leur cible et trouvaient le vide. Dylan Eagleson ne pouvait rien face à la rapidité d’exécution et le timing du Blagnacais qui l’envoyait au tapis sur une magnifique droite en contre.Dans l’ultime round, le résident de Belfast se risquait à boxer sur le coup d’œil tout en provocation comme… le Français. Mais la copie était bien loin de valoir l’original, ce que les juges confirmaient sur leurs bulletins en accordant à l’unanimité la victoire au Haut-Garonnais qui pouvait écouter, sur la plus haute marche du podium, la Marseillaise la main sur le cœur et le sentiment du devoir accompli.
« Billal a maîtrisé et n’est pas entré dans le jeu de son adversaire. Cela n’était peut-être pas son plus beau combat au cours de cet Euro mais il a fait ce qu’il fallait tactiquement. Cette médaille est la confirmation de tout le travail qu’il a accompli depuis les derniers Mondiaux », se félicite l’entraîneur national Malik Bouziane.

Lounès Hamraoui sans cesse sur le reculoir
Une bonne heure après, c’était au tour de Lounès Hamraoui (-63,5 kg) de faire son entrée sur scène contre Hovhannes Bachkov. Le local en décousait comme prévu, tel le pugiliste professionnel qu’il est par ailleurs. C’est-à-dire en avançant les deux pieds campés au sol pour asséner des crochets larges et lourds des deux mains. Son pressing de tous les instants malmenait le Normand qui s’efforçait de répliquer au maximum sur les jambes tout en multipliant les esquives rotatives et les blocages. Mais à force d’être sans cesse sur le reculoir, il ne parvenait pas à tirer le parti de son habituelle vitesse de bras, d’autant que dès que l’un des deux protagonistes prenait légèrement l’ascendant dans un échange, l’autre s’accrochait.
Logiquement mené au bout de trois minutes, le Rouennais tentait de durcir les débats mais, dans ce registre, il trouvait en face de lui à qui parler. Et, pour ne rien arranger, l’arbitre lui infligeait un avertissement pour tenue dans le deuxième round. Plus le duel avançait et plus l’Arménien, véritable rouleau compresseur, tissait imperturbablement sa toile et prenait l’ascendant à force d’enquiller les cross et les uppercuts. Ses offensives n’avaient rien de subtil ni de délié mais leur récurrence et la puissance avec laquelle elles étaient délivrées, tantôt au visage, tantôt au corps, lui permettait de faire la différence et de creuser l’écart pour l’emporter sans qu’il n’y ait à redire. Ce n’était pas pour rien que Lounès Hamraoui était compté à trente secondes de la fin alors que le sort en était jeté depuis belle lurette.

« Face à un tel épouvantail, Lounès est sorti grandi de ce match, estime Malik Bouziane. Il lui a manqué un peu de fraîcheur et de métier. Il a subi face à meilleur que lui. Il n’en demeure pas moins que son parcours est très honorable. »