L’Abbevillois (37 v, 4 d) a fini par imposer sa puissance et dominer Newfel Ouatah (15 v, 2 d) par abandon à l’appel de la neuvième reprise, le 14 décembre, à Levallois. La ceinture WBA International des lourds était en jeu.

 

 

 

Pour son grand retour sur les rings hexagonaux, Johann Duhaupas paraissait, au départ, quelque peu timoré, la main négligemment posée sur le frein à main. Certes, c’était lui qui avançait avec son bras avant en piston dès qu’eut retenti le premier coup de gong. Néanmoins, il fallut attendre deux minutes pour que les débats se décantassent et que les hostilités démarrassent véritablement. Un uppercut puis une droite derrière l’oreille délivrés par Newfel Ouatah, étonnamment placide, firent office de déclic. Bien que plus fort et surtout nettement plus lourd de seize kilos, l’Abbevillois semblait tarder à se libérer et à lâcher les chevaux en imprimant de réelles accélérations. Certes, ses jabs et ses crochets du gauche touchaient, parfois durement, mais sans véritablement inquiéter son rival qui ne cessait d’être en mouvement et de tourner afin de s’exposer le moins possible. Mieux, quand il déployait ses longs segments, il trouvait fréquemment sa cible. Le coin de Johann Duhaupas, dont les qualités d’encaisseur ne sont plus à démontrer, lui commandait d’ailleurs de bouger davantage la tête pour ne pas qu’elle soit aussi aisément atteignable.

 

 

 

Les rounds se succédaient sur un faux rythme sans qu’aucun des deux protagonistes ne parvienne réellement à emballer la confrontation. C’est quasiment toujours le Samarien qui prenait l’initiative le premier et le Lyonnais qui, jamais véritablement ébranlé, remisait, malheureusement que sur un ou deux coups sans enchaîner. L’un et l’autre ne se privaient pas non plus, à l’occasion, de se martyriser mutuellement les flancs. Des broutilles pour ces deux hommes forts…

 

 

Dans le sixième round, en attendant que l’on redonne son protège-dent à son rival, Newfel Ouatah, toujours aussi relaxe, interpellait avec le sourire Carlos Takam qui, au pied du ring, commentait en direct le match sur SFR Sport, sur le mode « Beau combat, Carlos, non ? » Dans la foulée, il demandait à l’ex-challenger d’Anthony Joshua de lui toucher le gant droit pour lui porter chance. Conscient qu’il était un peu juste au niveau cardio, le Rhônalpin gérait intelligemment son effort, privilégiant la précision et les esquives. Il était aidé dans son entreprise par le Nordiste qui peinait à déclencher à la bonne distance, se retrouvant souvent trop près de son contradicteur plus grand que lui. En revanche, lorsqu’il effectuait le petit pas de retrait qui s’imposait, il parvenait à donner sa lourde droite. Un cas de figure qui, au fil des minutes, devenait de plus en plus récurrent, son adversaire étant à l’évidence à court d’essence dans le moteur, donc moins mobile et moins à la parade. Dans la huitième reprise, un puis deux puis trois crochets à la tempe firent mouche. A genoux, le Gone était logiquement compté puis sauvé par le gong. Avant de renoncer avec beaucoup de sagesse et de lucidité à l’appel de la suivante.

 

 

 

A l’énoncé du verdict, les duellistes s’étreignaient avec le profond respect qui les lie depuis un bail. « Cela n’a pas été plus dur que je le pensais car je savais à quoi m’attendre. En effet, Newfel est un très bon boxeur. Il m’a gêné au début puis j’ai trouvé la bonne stratégie », déclarait le vainqueur qui ambitionne de défendre sa ceinture avant d’avoir une nouvelle opportunité planétaire. Réponse du vaincu : « C’était un grand honneur de partager le ring avec Johann. Je sais par quoi il est passé et je lui souhaite de faire à nouveau un championnat du monde. J’ai envie de disputer d’autres combats comme celui-là. Je suis demandeur. » Les propositions ne devraient pas se faire attendre.