Le 5 août, à Deauville, le Lorrain (13 v) est brillamment devenu champion de France professionnel des mi-lourds en battant Yves N’Galeu (9 v, 6 d) par arrêt de l’arbitre (5e). A vingt-neuf ans, il entend ne pas perdre de temps.
« Le game plan ? C’était de gagner, s’esclaffe Dylan Colin. Nous savions que Yannick a un vécu et un bon bras arrière. Il fallait donc que je boxe sur les jambes et que je tourne du bon côté. Le tout en délivrant des séries pour, ensuite, repartir et revenir. Le but était, en effet, de ne pas rester à sa distance et de miser sur ma vitesse gestuelle. C’est ce qui a fait la différence ainsi que mes déplacements. Dans la cinquième reprise, j’ai vu qu’il commençait à perdre un peu le rythme et j’en ai profité. » Résultat : deux crochets droits à la tempe qui ont fait prestement basculer la confrontation.
L’analyse d’Yves N’Galeu n’est pas très différente : « Dans la mesure où Dylan vient de la boxe pieds-poings, je me doutais qu’il serait assez mobile. Ce qui a été le cas à partir du troisième round. L’objectif était donc de le cadrer en avançant sur lui et en lui imposant un pressing pour faire parler mon expérience en anglaise. Je n’y suis pas suffisamment parvenu, notamment parce que je n’ai pas assez utilisé mon bras avant. En outre, j’étais trop crispé. Dylan, lui, a réussi à me contrer plusieurs fois avant de me toucher au cinquième car j’ai manqué de lucidité. Il faut dire que j’avais fait mon combat la veille sur… la balance. J’ai mal géré ma perte de poids en autodidacte. Si bien que je suis arrivé un peu rincé sur le ring. Je n’entendais quasiment plus les consignes de mon coin. J’étais ailleurs… Plus que le résultat, ma frustration est de ne pas avoir su montrer ce que je suis capable de faire même si Dylan a, de son côté, effectué les bons choix tactiques. C’est pour cela que j’aspire à avoir une nouvelle chance nationale. »
« Je n’aspire pas à rester champion de France pendant cinq ans »
Dylan Colin, lui, se projette plus haut : « Ce titre est une fierté, d’abord parce que c’est le premier. De surcroît, j’ai traversé plein de choses extrêmement difficiles, en particulier la disparition de mon père qui était également mon coach. Puis, je me suis blessé à l’épaule alors que je devais disputer le championnat de France contre Daniel Dos Santos, ce qui m’a obligé à subir une arthroscopie. Mais je n’ai pas lâché. Je n’aspire pas à rester champion de France pendant cinq ans mais à franchir une étape. Alors, pourquoi ne pas aller voir au-dessus ? Je verrai ce que l’on me proposera et ce que j’aurai à y gagner. S’il est préférable pour moi de défendre ma ceinture, je le ferai, sinon, je me projetterai à l’international car je pense avoir le niveau pour faire un championnat de l’Union européenne ou, du moins, l’avoir bientôt. En tout cas, c’est sur la bonne voie, d’autant que j’ai une bonne frappe. Il faut surtout que j’acquière encore de l’expérience. »
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Pour asseoir sa progression, celui qui est licencié à Toul, la ville qui a vu naître à René Jacquot, aspire à bénéficier d’une infrastructure plus adaptée car, à ce jour, il s’entraîne dans une salle à laquelle il n’a pas accès autant qu’il le souhaiterait et qu’il doit partager avec d’autres disciplines. Sans compter l’obligation de monter le ring à chaque fois qu’il veut s’en servir. Des contraintes à la fois chronophages et énergivores, guère compatibles avec des ambitions continentales.