Entretien avec Karim Aliliche

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Le nouveau champion de France des welters (9 v, 2 n, 6 d), sacré le 3 février, à Pau, suite à sa victoire aux points face à Steven Bloyer, connaît enfin la lumière après dû se contenter de l’ombre de longues années durant.
 
 
« Ce titre ressemble à un avènement tardif…
 
- Oui, ça l’est car je n’ai pas pu avoir ma chance avant. Pourtant, j’ai remporté le Critérium des espoirs, disputé deux fois le Tournoi de France ainsi que la Coupe de la Ligue en atteignant les demi-finales. Mais mon club de Pau n’avait pas forcément les moyens d’organiser. J’attendais d’être en haut des classements pour pouvoir prétendre au titre national. Disons que les choses sont arrivées à point nommé. Mieux vaut tard que jamais ! Mon palmarès ne reflète pas ce que je suis capable de faire sur le ring car même si, au début de ma carrière, j’ai beaucoup boxé à la maison, ensuite, je suis quasiment toujours allé défendre mes chances à l’extérieur lors des différentes compétitions nationales. C’est pour ça que je pense que mon titre est mérité. Il faut aussi savoir que je suis passé professionnel en 2006 mais que je n’ai disputé mon premier combat pro qu’en 2010. En effet, j’ai été victime d’un accident de moto qui m’a contraint à subir plusieurs opérations chirurgicales, notamment au poignet et au genou. Si bien que pendant trois ans, je n’ai pas combattu.
 
- Comment expliquez-vous ce succès ?
 
- Parce que je m’en suis donné les moyens. Je n’ai pas lâché et je me suis entraîné sans relâche. C’est le travail qui a payé. Lors de ma préparation, j’ai mis les gants pendant deux semaines avec Jordy Weiss. Comme je n’avais pas été très actif en 2016, il me manquait des rounds. Cela a donc été un challenge que de disputer ce championnat de France.
 
 
- Éprouvez-vous un sentiment d’inachevé quand vous analysez votre carrière ?
 
- Non, pas du tout. Je n’ai pas à rougir de ce que j’ai fait. J’ai fait une belle carrière. Je n’ai refusé personne. Aujourd’hui, je suis couronné. Pourtant, j’ai failli arrêter plusieurs fois parce que la boxe, c’est beaucoup de sacrifices, surtout lorsque l’on travaille à côté et que l’on a une vie de famille. Quand on veut être performant, il faut manger boxe, dormir boxe. Or, cela n’a pas forcément été mon cas par manque de moyens. Il m’a en effet manqué un vrai cadre et un plan de carrière. Je n’ai pas été médiatisé et je n’habite pas une grande ville. En outre, dès que l’on passe pro, on doit tout de suite prouver pour exister. On n’a pas le temps d’appendre notre métier correctement ni de se construire psychologiquement. Cependant, quand je vois ce qu’il se passe aujourd’hui, je suis plutôt confiant pour l’avenir de la boxe. Il y a beaucoup de promoteurs tandis que certains jeunes ont la chance de signer des contrats et d’être sous le feu des projecteurs. Je considère que je fais un peu partie d’une génération sacrifiée mais je ne regrette rien car la boxe m’a tellement donné.
 
« Il y a des similitudes entre être chef d’entreprise et boxeur »
 
- Quelles sont vos ambitions à présent ?
 
- Défendre mon titre autant que je le pourrai car maintenant que j’ai ceinture, je n’ai pas envie de la laisser filer. Le but n’est pas de la monnayer en multipliant les dérogations faciles mais d’affronter des adversaires qui en valent la peine et qui me permettraient de m’imposer un peu plus dans la catégorie. Ce que beaucoup de gens ne me voient pas forcément faire. Je veux prouver que je suis présent. Je n’ai plus de temps à perdre. J’aimerais également convaincre un promoteur pour avoir un plan de carrière à moyen terme car à trente-trois ans, je ne me fais pas non plus de fausses idées.
 
- Estimez-vous être loin du niveau européen ?
 
- Je ne me veux pas me surévaluer mais pas non plus me sous-évaluer. Je ne nourris pas d’excès de confiance. Je sais simplement que j’ai déjà rencontré des boxeurs qui avaient le niveau européen et que je n’ai pas à rougir de ce que j’ai fait face à eux. Si je bénéfice de bonnes conditions pour me préparer, un championnat de l’Union européenne ne me fait pas peur. En revanche, l’EBU, c’est une marche au-dessus.
 
 
- Comment conciliez-vous voute carrière sportive et votre vie professionnelle ?
 
- Je suis agent de maîtrise à la Ville de Pau. Je suis responsable des espaces verts et je gère une équipe de dix personnes. Le Maire, François Bayrou, mise beaucoup sur le sport. D’ailleurs, pour la première fois, j’ai pu bénéficier d’un mois de mise à disposition pour préparer ce championnat de France. Parallèlement, j’ai eu envie d’entreprendre car il y a des similitudes entre être chef d’entreprise et boxeur, en particulier, le challenge et la remise en question. Comme je souhaitais redonner à la boxe ce qu’elle m’a apporté, j’ai ouvert, en octobre dernier, à Pau, un club de sport et de remise en forme, le Boxing Club Lion’s Gym Academy dont l’ADN est la boxe. Et ce, dans un loft réaménagé de 400 mètres carrés où règne l’esprit boxe. Il abrite, d’un côté, un club de remise en forme privé et, de l’autre, une académie de boxe affiliée à la FFB dont les membres sont des enfants, des pratiquants de boxe loisir mais aussi des amateurs ».
 
Par Alexandre Terrini
 
Mise en ligne par Olivier Monserrat-Robert
 
Crédits images : DR

 

 

 

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