Hassan N’Dam N’Jkam : « J’ai perçu tout le sens des Mixed martial arts (MMA) »

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L’ancien champion du monde WBA des moyens (37 v, 5 d) cultive son éclectisme en se lançant dans le MMA sans pour autant mettre un terme à son parcours en boxe anglaise. Il explique le sens de sa démarche et précise ses objectifs.

Comment avez-vous découvert le MMA ?

A la base, le MMA est un sport que je jugeais mal. Je ne prenais pas ça comme un noble art alors que moi, en tant que boxeur, j’en pratique un. Je l’assimilais au free fight, autrement dit, à un sport exclusivement brutal et à de la bagarre de rue. Cependant, un jour, j’ai décidé, en 2013, de m’y essayer et de suivre une initiation au MMA Factory, à Paris, chez Fernand Lopez. J’ai découvert des sensations différentes. En boxe, je surclassais des mi-lourds qui avaient un gros niveau en MMA. En revanche, dès qu’ils m’amenaient au sol, j’étais complètement désemparé. Je n’avais aucune réaction parce qu’en boxe, quand on se retrouve dos au sol, soit on est compté, soit le combat s’arrête ! Là, je me suis rendu compte qu’il continue et que quelque chose d’autre prend le relai, que ce soit de la lutte, du ju-jitsu etc. J’ai compris qu’il y avait plusieurs défenses possibles et donc divers schémas à mettre en place. J’ai perçu tout le sens de Mixed martial arts (MMA). C’est cela qui m’a séduit. Pour moi, cela a le même charme que lorsque j’ai commencé la boxe. En l’occurrence, la nécessité d’intégrer plusieurs informations pour réagir comme il convient. J’ai envie d’apprendre tous les jours.

Même quand on a un palmarès aussi fourni que le vôtre en anglaise ?

Je ravale ma fierté. J’ai beau avoir été champion du monde de boxe, j’ai conscience que j’ai beaucoup de choses à apprendre et à assimiler en MMA. En 2013, Fernand Lopez, au vu de ce que je produisais à l’entraînement, m’avait proposé de m’inscrire à un tournoi à Las Vegas, lequel était réservé à ceux qui n’avaient disputé aucun combat en MMA. J’avais refusé car, à l’époque, je n’avais pas suffisamment de temps à consacrer au MMA. Cependant, j’avais répondu que j’aimais beaucoup ce sport et que j’y reviendrais à la fin de ma carrière pugilistique qu’en attendant, je désirais privilégier.

« Mon état d’esprit n’est pas de devenir une grande star de la discipline »

Hassan N'Dam N'Jkam

Justement, comment allez-vous concilier les deux disciplines ?

Je ne vais pas arrêter la boxe tout de suite mais j’ai conscience que je suis sur la fin de ma carrière. Je me suis assigné un ultime challenge en réalisant ce que je n’ai jamais fait. A savoir disputer, si possible, un dernier championnat du monde mais, surtout, un championnat d’Europe et enfin, un championnat de France. En somme, de faire le chemin en sens inverse. Comme ça, j’aurai toutes les ceintures. J’aime tout ce qui a trait à l’Histoire et j’ai envie de laisser un nom dans la boxe. Pendant le confinement, je me suis posé des questions et j’ai réfléchi. Mon état d’esprit dans le MMA n’est pas de devenir champion du monde ni même une grande star de la discipline mais de me faire plaisir et de connaître les sensations que l’on peut éprouver dans un octogone. Et ce, quand bien même me prédit-on un avenir dans la discipline au regard de mes qualités de boxeur.

Soit mais comment espérez-vous, à trente-six ans, acquérir les fondamentaux au sol, en particulier en lutte et en ju-jitsu ?

J’arrive comme un débutant et l’on me donne les clefs. J’ai signé pour quatre combats avec le promoteur Ares FC mais, a priori, j’aimerais ne disputer le premier qu’en novembre 2021 afin de pouvoir apprendre tout doucement mais bien mon métier en MMA, sans me prendre la tête. Fernand Lopez, qui est le directeur et le matchmaker d’Ares FC, estime qu’au regard de ma progression, il n’est pas impossible que je débute en décembre prochain, à Paris, s’il juge que j’ai le niveau pour ce faire. En ce qui me concerne, je n’envisage pas d’aller en UFC tant que je n’aurai pas disputé mes quatre combats, encore une fois pour continuer à apprendre. L’UFC, c’est le grand professionnalisme. On y rencontre des dieux de la lutte et du sol.

« Le but serait de faire plusieurs combats en UFC »

Hassan N'Dam N'Jkam
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On insiste : pensez-vous être en mesure d’avoir, un jour, des bases solides au sol ?

J’en ai déjà un petit peu. J’arrive à faire des choses que des anciens font, ce qui me rassure. Venir d’un sport de combat fait que l’assimilation est assez rapide. Quand on me demande quelque chose, je comprends vite ce que l’on attend de moi et pourquoi on me le demande. Néanmoins, le but est de ne pas me laisser amener au sol et de rester debout pour boxer car c’est ma spécialité. Je sais que contre moi, mes adversaires n’auront pas intérêt à boxer. Ils vont, au contraire, beaucoup travailler le sol, sachant que c’est un domaine où je ne suis pas très expérimenté. Si bien que ce que l’on m’enseigne aujourd’hui, c’est comment me défendre lorsque que je suis au sol et comment faire pour ne pas m’y retrouver. Pour l’instant, au sol, je me fatigue encore plus que si je disputais un douze rounds en boxe car je ne maîtrise pas encore ce domaine. Je stresse pour savoir comme je vais me défendre. Par ailleurs, dans un premier temps, je n’ai pas l’intention de me servir de mes jambes pour frapper. Je ne veux pas que cela me desserve ni prendre le risque de me blesser car j’en ai trop besoin pour boxer et garder ma mobilité dans l’octogone. Je vais surtout apprendre à parer les coups donnés avec les membres inférieurs.

Actuellement, vous vous entraînez donc alternativement en boxe et en MMA, à Monaco et à Paris.

Oui. Par ailleurs, je vais prendre une licence de MMA auprès de la FF Boxe. C’est très bien que le ministère ait légalisé le MMA en France. Cela permettra à ceux qui le veulent de le pratiquer en toute liberté. Moi, cela m’aurait gêné de faire un sport qui aurait été interdit dans mon pays. En outre, c’est une bonne chose, notamment pour les boxeurs français désireux de s’essayer à ce sport, que la FF Boxe ait été désignée pour encadrer la structuration du MMA. J’en suis un fervent ambassadeur ainsi que de la boxe et de la Fédération. A titre personnel, j’ai fait ma carrière en boxe. Si je deviens ce que l’on me prédit en MMA, tant mieux. Si ce n’est pas le cas, je me serais au moins fait plaisir. Le but serait, bien sûr, de faire plusieurs combats en UFC et de kiffer. Désormais, je regarde autant la boxe que le MMA. Je me dis que j’aimerais avoir le niveau de ceux qui disputent les gros combats ou même celui des anciens quand je les vois au sol, à l’entraînement. Cependant, je ne veux pas brûler les étapes et je sais que j’ai encore beaucoup à faire pour en arriver là. Je suis convaincu qu’un boxeur peut devenir un grand combattant en MMA alors que l’inverse est beaucoup plus difficile.

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