L’ancien membre de l’équipe de France est décédé brutalement, lundi 25 janvier, à trente-cinq ans, d’un arrêt cardiaque dans la salle du BC de Troyes. Un drame qui laisse toute la famille de la boxe sans voix et dans la peine tant sa personnalité faisait l’unanimité et était l’objet d’éloges.
Champion de France amateur en 2010, huitième de finaliste des Jeux olympiques de Pékin en 2008, médaillé de bronze européen en 2008 : Jaoid Chiguer était un pugiliste de haut niveau dans la pleine acception du terme. Un esthète du carré magique comme le rappelle celui qui fut son entraîneur en équipe de France, Dominique Nato : « Sur le plan sportif, ses résultats parlent pour lui. On ne dispute pas les JO par hasard. Il faisait partie de l’élite mondiale. A Pékin, il n’a pas touché les fruits de son investissement parce que pour le dire élégamment, les arbitres ne l’ont pas aidé, c’est un euphémisme. Il s’est incliné à l’issue d’un combat qu’il n’avait pas perdu. Pourtant, il avait fait son job et avait le potentiel pour monter sur le podium. Il ne devait rien à personne. Jaoid avait une boxe aérienne. Il était très technique et ne prenait pas beaucoup de coups. » Quant à son éphémère carrière professionnelle (2012-2014), néanmoins vierge de défaite, elle s’explique sans doute par le fait que « ce n’était peut-être pas le style de boxe qui lui convenait », suggère Dominique Nato.
« C’était un boxeur avec de grosses qualités, notamment physiques, aussi bien sur le plan cardio que musculaire, confirme John Dovi qui l’a également chapeauté en équipe de France puis en WSB. C’était un très bel athlète dans tous les sens du terme, bien taillé pour sa catégorie. Il avait la classe et ne laissait personne indifférent. Quand il est arrivé à l’Insep, il a d’abord eu un peu de mal à retrouver son niveau puis, progressivement, il est parvenu à concilier ce qu’il apprenait en club et en équipe de France au point de devenir un cador de la catégorie. Il avait le profil parfait pour la WSB. »
« Il était un élément stabilisateur du groupe »
Dominique Nato
En dehors du rings, l’homme avait le goût des autres : « C’était un garçon charmant qui avait toujours le sourire. Il était de bonne humeur et avait les bons mots sans jamais aller trop loin. C’était le copain de tout le monde, celui vers qui l’on allait spontanément car il était un élément stabilisateur du groupe », se rappelle l’actuel vice-Président de la FF Boxe. Au cœur de la trentaine, l’Aubois aspirait à continuer d’apprendre et à avancer pour franchir de nouveaux paliers.
Il était d’ailleurs question qu’il suive des cursus complémentaires, éventuellement un Diplôme universitaire (DU) de la performance au Creps de Nancy.
Ses anciens partenaires en équipe nationale sont bouleversés, à l’image de Nordine Oubaali : « Jaoid était un ami de longue date. J’étais très proche de lui. Je suis infiniment triste. J’ai été choqué d’apprendre une pareille nouvelle d’autant qu’il s’entretenait et prenait soin de lui. C’était vraiment une personne attachante. Il avait la joie de vivre tout en étant extrêmement sérieux dans ce qu’il entreprenait. Il avait mis beaucoup d’énergie pour créer et développer sa salle de sport. Savoir que je ne pourrai plus le voir, c’est terrible. Je ne veux retenir que les super moments que j’ai passés avec lui. »