Le champion normand s’est éteint à Marseille ce vendredi 25 aout, il aurait eu 43 ans en octobre. Une disparition aussi subite qu’injuste qui plonge le monde de la boxe dans la consternation et la tristesse.
Julien Marie Sainte était venu sur le tard à la boxe anglaise au sein de l’AS Cherbourg. Après quatre titres de champion de Normandie et une demi-finale des championnats de France amateur en 2005, il rejoint les rangs professionnels l’année suivante, un homme l’accompagnera tout au long de sa carrière, Jean-Philippe Blot son fidèle sponsor et ami. Les succès s’enchainent, son style offensif et son efficacité, notamment avec son redoutable crochet gauche au foie, lui valent d’acquérir rapidement une réputation de frappeur. Le cherbourgeois est un stakhanoviste de l’entrainement, pas un jour sans pratique de sport pour une condition physique exceptionnelle. La boxe, Julien Marie Sainte l’aime, il est passionné et ambitieux. Sa progression est constante, il remportera le critérium national dès sa première année professionnelle.
En 2008, celui qui se fait désormais appeler Brigadier en souvenir de ses origines Martiniquaises, frappe un grand coup pour sa première apparition télévisée devant les caméras d’Eurosport. Il bat avec la manière Karim Reksi Boukeroui en finale de la coupe de la ligue. La carrière du Normand est définitivement lancée, il quitte Jean Christophe Vitu et s’entraine avec Giovanni Boggia à Pont Sainte Maxence avant de rejoindre Hamid Zaïm dans les Ardennes. Malheureusement, il se fait surprendre par le dangereux Jairo Alvarez qui lui inflige sa première défaite. Malgré cette déconvenue, Brigadier n’a pas renoncé à son objectif de devenir champion de France professionnel. Il se lie avec Nasser Lalaoui et Marcel Denis au CSL Boxe d’Aulnay-Sous-Bois et si cette association débute par une défaite controversée au Canada, elle se solde ensuite par une série de sept succès avant la limite. Sous la houlette des techniciens Aulnaysiens, Julien Marie Sainte progresse techniquement, au contact de Mehdi Bouadla et Samy Anouche, il s’endurcit et il apprend la patience. Il acquiert une autre dimension et ses accélérations deviennent redoutables. Il décroche enfin le titre national aux dépens du coriace François Bastient qu’il malmène durement avant de s’imposer aux points. Il défend victorieusement son titre Français à quatre reprises. On se souvient encore du somptueux combat face au rugueux et expérimenté Affif Belghecham. Dix rounds intenses et de haut niveau pour un court mais mérité succès aux points du Brigadier. A une époque où les boxeurs montent dans les classements des fédérations mondiales grâce aux ceintures intermédiaires, Julien Marie Sainte réussit l’exploit d’être classé n°3 WBA et n°1 Européen en ayant fait le vide en France dans la catégorie des poids moyens, redonnant au passage du prestige au titre Français.
Une grave blessure change le cours de sa carrière
La réputation du Français a franchi les frontières, il est sollicité pour effectuer du sparring avec Gennady Golovkin ou Félix Sturm. Il signe un contrat avec Arthur Pellulo (Banner Promotions) mais il est victime d’une rupture du biceps du bras gauche. Opéré, il ne parviendra jamais à retrouver le niveau qui était le sien avant cette blessure, son championnat d’Europe en 2013 à Aulnay-Sous-Bois face à Maksym Bursak tourne au cauchemar. Coupé sous l’œil dés le premier round, Julien Marie Sainte montre un courage énorme mais ses coups ne partent pas et il subit sa première vraie défaite. Dés lors, le Cherbourgeois n’y arrive plus, il travaille pourtant d’arrache-pied mais ses prestations ne sont pas à la hauteur de ses attentes. Inconcevable pour un tel perfectionniste, la défaite face à Karim Achour pour le seul championnat de France disputé face à son public de Cherbourg sera dure à digérer. Son élan a été coupé par cette satanée blessure, il pense pouvoir surpasser ce coup du sort en travaillant toujours aussi dur à l’entrainement mais rien n’y fait, il arrête sa carrière en 2017 avec un sentiment d’inachevé. Julien Marie-Sainte a disputé 45 combats pros pour 37 victoires dont 27 avant la limite, 1 match nul et 7 défaites.

Julien Marie Sainte était parti vivre à Marseille où il exerçait le métier d'éducateur spécialisé, il s’entrainait encore régulièrement avec "Kayser" Mourad Haddu comme en attestait son corps d’éternel athlète. Jean-Yves Lemarchand, président de l’AS Cherbourg avait le projet de lui organiser un grand jubilé sur ses terres, le destin en aura décidé autrement.
Le boxeur Marie Sainte était adulé, l’homme Julien faisait la quasi-unanimité par sa gentillesse naturelle, ambitieux mais humble et disponible pour tous et toutes. La Normandie pleure son champion et la boxe en France est en deuil.
La FF Boxe et son Président, Dominique Nato, présentent leurs condoléances les plus sincères à la compagne de Julien Marie Sainte et à ses trois enfants ainsi qu'à sa famille et à ses proches.