Le 13 juin, au Zénith de Paris, le Français (23 v) a accroché une nouvelle ceinture à son palmarès. En l’occurrence, celle WBC silver vacante des super-moyens. Pour cela, il a dominé aux points (118-108, 115-111, 114-111) le roublard Argentin Durval Elias Palacio (13 v, 3 d).
La confrontation débutait sur des standards somme toute prometteurs. Le mérite en revenait en partie au visiteur qui, fort de son allonge supérieure, ne se laissait nullement impressionner par le pedigree du Cristolien. Mieux, il tentait vaillamment sa chance en recherchant le bras de fer à mi-distance ou même en corps-à-corps, en délivrant des coups lourds et, forcément, courts. Pour cela, il pouvait compter non seulement sur sa puissance mais aussi sur une bonne dose de vice tant il s’évertuait systématiquement à passer le bras pour accrocher le Tricolore en vue de tirer les marrons du feu d’actions qu’il rendait sciemment brouillonnes. Sans compter une propension à pousser et à en découdre le front en avant.
Conserver sa lucidité et faire parler son panel gestuel plus riche
Dans ces conditions, la tâche du Francilien, contraint de casser la distance à chaque fois qu’il prenait l’initiative, consistait à ne pas tomber dans le piège, à ne pas se laisser engluer et à sortir immédiatement afin de ne pas passer pour le coacteur de débats que le Latino prenait un malin plaisir à pourrir. Plus précis, Kevin Lele Sadjo avait l’immense mérite de conserver sa lucidité et de faire parler son panel gestuel plus riche ainsi que sa vitesse de bras, notamment au moment d’asséner des crochets des deux mains, crâne contre crâne. Le tout en utilisant à bon escient son jab, en n’oubliant pas le travail au corps histoire de martyriser les flancs du Sud-Américain et en restant, comme à son habitude, très vigilant quant aux moyens de défense, en particulier en esquivant grâce à sa mobilité du buste.
La confrontation ne ravissait pas les puristes mais la performance du local oui, tant elle était empreinte de cette fameuse intelligence du ring par-delà son agacement bien compréhensible. Sans compter un bras arrière toujours chirurgical qui offrait à son contradicteur l’opportunité de faire montre de ses qualités d’encaisseur. En revanche, le Punisher peinait à trouver des angles de frappe variés.
Les reprises se succédaient sans que la physionomie du duel ne change. Dans la huitième, Durval Elias Palacio écopait d’un avertissement après avoir perdu trois fois son protège-dents. Et, dans la dixième, c’était au tour du Val-de-Marnais d’être sanctionné de la sorte pour avoir visé l’arrière de la tête de son rival, loin d’être un modèle de fair-play. Qu’importe, c’était bien le champion d’Europe qui finissait le plus fort et les juges en convenaient pour lui accorder, sur leurs bulletins, un succès amplement mérité. De quoi être satisfait de son attitude : « Il fallait que je reste calme, que je montre de la maturité, déclarait-il après l’énoncé du verdict. C’est ce qu’il faut pour prétendre disputer un championnat du monde. »
Bakary Samaké et Victor Yoka vainqueurs
Auparavant, Bakary Samaké (16 v) et Victor Yoka (5 v) avaient poursuivi leur apprentissage dans les rangs professionnels. Le premier est venu à bout, aux points, à l’unanimité des juges, du solide Chilien Julio Alamos (16 v, 3 d) qui, avec son allonge supérieure, lui a donné du fil a retordre. Guère aidé par un protège-dents pas à sa taille, le Francilien a parfois montré une perméabilité défensive coupable mais a fait la différence notamment avec son cross du gauche qui a même envoyé le Sud-Américain au tapis à vingt secondes de la fin.
Quant à Victor Yoka, il a bataillé ferme pour vaincre de la même manière l’ancien champion de France des super-welters, Mathis Lourenco (13 v, 8 d), qui a fait bien mieux que résister en s’efforçant d’imposer l’épreuve de force en dépit d’un passage à vide à mi-combat et d’une blessure à l’arcade sourcilière gauche. Mais le frère de Tony a fait valoir son aisance technique pour ne pas se laisser empêtrer et inscrire des touches nettes.