De ses dix années passées à Calais, Caroline Béhague garde un souvenir « nostalgique ». La réalisatrice a donc placé sa ville de cœur au centre de son nouveau documentaire, consacré à la famille Jacob, ces « héritiers » d’une tradition si chère à la Cité des Six-Bourgeois…
Romain Jacob, champion d’Europe, en 2014
Elle ne connaissait rien à la boxe ; n’avait jamais participé au moindre combat. Caroline Behague vient pourtant de tourner un documentaire entièrement consacré à ce qu’elle qualifie d’une « tradition », à Calais. « J’ai vécu un peu en Argentine, et en revenant à Calais, j’ai lu un article sur la famille Jacob. Je me suis souvenue qu’il y avait eu de grands champions ; que ce sport est un peu une légende urbaine à Calais ». Le sujet intrigue la réalisatrice, frappe son imagination. « Les Jacob sont un peu les héritiers de cette tradition. Ils la pérennisent. J’ai pensé qu’il y avait une histoire à raconter ». Caroline met donc les pieds à la salle de boxe et rencontre Thierry Jacob, le père de Romain. « Nous avons discuté, je lui ai expliqué le projet. J’ai creusé pour savoir s’il se cachait vraiment quelque chose d’intéressant derrière cette famille : pour que le documentaire tienne, il me fallait des personnalités ».
« Dynastie familiale »
Les Jacob acceptent : ça tourne. Caroline se retrouve plongée dans « une ambiance de dingue » et découvre l’envers du décor. Les entraînements intensifs, les restrictions alimentaires, les compétitions… « Peu de monde connaît les coulisses d’un combat, les sacrifices que cela engendre ». La réalisatrice plante le décor avec une première partie plutôt historique. « Je me suis demandé qui était le premier boxeur de cette famille, mais aussi d’où venait cette tradition à Calais. Il me semblait important de revenir sur cette dynastie familiale, avant d’en arriver à l’histoire de Romain qui pérennise lui aussi cette hérédité ». Caroline zoome rapidement sur le « triangle » que forment Romain le fils, Thierry le père, et Jackie l’oncle. « Il y a cette place particulière du père, qui appréhende forcément de voir son fils partir au combat, se prendre des coups. Et Jackie, cette personnalité hors du commun, ce bourru au grand cœur. Il se passe vraiment quelque chose, au sein de ce triangle ».
La tension monte
Mais s’inviter dans l’intimité des Jacob n’est pas facile tous les jours. « Je fonctionne de façon intuitive. Je ne les suivais pas tous les jours, mais seulement quand je sentais qu’il allait se passer quelque chose : un entraînement intensif, J-7 avant un combat… Parfois ça marche, parfois non ». Avec le temps toutefois, tout ce petit monde se rapproche. « Les Jacob, c’est un clan. Mais au fil du temps, une relation d’affection se crée. Il arrive un moment où les échanges tournent aussi à la plaisanterie ». Février 2014, le championnat d’Europe approchent. La tension monte : Caroline la ressent. « Les entraînements sont de plus en plus difficiles, demandent de plus en plus d’efforts. Plus on s’en approche, plus Romain s’enferme dans sa bulle : c’est totalement compréhensible ». Le sportif garde le plus d’énergie possible pour le Jour J et se repose, lorsqu’il ne boxe pas. « A ce moment-là, ce n’est plus le vrai Romain comme on peut le voir dans son intimité. Là, et il le dit, il vit boxe, il pense boxe, il rêve boxe ». De cette aventure, Caroline tire un bilan positif. « Je trouve que le documentaire représente bien la famille. J’ai pu filmer les championnats d’Europe et la revanche, donc c’est vraiment bien tombé. La seule chose, c’est que j’aurais aimé aller plus loin dans leur vie personnelle. Mais il faut aussi savoir respecter leur intimité ». Un regret donc, « mais on en a tous ».
Par Julie Hamez
Source : Nord Littoral
Le documentaire « Les Seigneurs du Ring » sera diffusé à la Cité de la dentelle ce mardi à 18 heures et à 20 heures. Réservations obligatoires sur www.telesnpdc.tv ou au 03 20 30 49 11. Entrée gratuite. Le documentaire sera diffusé sur Wéo, dès le lendemain.