L’acteur et réalisateur, qui montait pour la première fois sur un ring, le 10 juin, à Deauville, dans le cadre d’un assaut de boxe, a tenu son rang et fait match nul avec Franck Barigault, lui aussi quasi-novice, salarié chez Otis et arbitre interrégional.

« Danse ! Ne reste pas trop dans l’axe ! » L’entraîneur du BO Achères, Olivier Bonine, a délivré ses consignes à son élève sans faire mine de. Il faut dire que la démarche de Mathieu Kassovitz n’avait rien de superficiel ni pour but d’épater la galerie. Non, il s’agissait bel et bien d’une quête plus intime, existentielle dirons-nous, celle qui consiste à savoir de quoi l’on est capable quand sonne l’heure de vérité et que plus aucune échappatoire n’est possible.
Jabs du bras avant, corps-à-corps courageux, crochets larges, parfois un peu à la godille… Qu’importe si tout ne fut pas d’école : jamais, entre seize cordes, l’intéressé, ceint de son casque rouge, ne s’est défilé. C’est ce qu’il voulait. « Même si ce n’étaient pas des boxeurs expérimentés sur le plan technico-tactique, le niveau était correct pour un assaut de ce type, estime Séverine Gosselin, Présidente la Commission nationale de boxe féminine (CNBF), qui a arbitré cette confrontation. Ma tâche consistait à les laisser s’exprimer, à les emmener au bout sans blessure et à montrer que la boxe peut aussi être une pratique sécurisée. Des personnes comme Mathieu Kassovitz permettent de braquer les projecteurs sur notre discipline et contribuent à la démocratiser encore un peu plus. En effet, cela va nous aider à développer la boxe des cols blancs comme en Angleterre. »
« J’ai pris mon pied »
Au dernier coup de gong, les deux protagonistes avaient le sourire, forcément, et le nul qui est venu solder leur mano a mano s’est parfaitement inscrit dans la tonalité d’un duel entre gens de bonne compagnie. Il n’empêche, Mathieu Kassovitz y a trouvé un bonheur plein et sans fard. Pas étonnant qu’il soit, à présent, tenaillé par une sérieuse envie d’y revenir et de remettre le couvert. « J’ai pris mon pied, clamait-il devant les caméras de L’Équipe TV. Je vais me reposer puis recommencer l’entraînement pour le prochain combat. Je vais continuer. J’ai beaucoup regardé mon coin car lors d’un premier combat, il est difficile de tout lire. »
Autodébriefing un peu plus poussé, le lendemain, sur Instagram : « Bon, ben voilà, c'est fait. Maintenant, je vais le regarder (l’assaut, N.D.L.R.), je vais observer toutes les conneries que j'ai faites, voir comment je vais m'améliorer pour préparer un deuxième combat parce que ça a toujours été mon but. Le premier, c'est pour essayer, le deuxième, c'est pour confirmer. Je me suis bien amusé, bonne découverte, grand kiff ! » Papa Kasso, pour les intimes, a la touchante d’honnêteté de reconnaître qu’il n’en a pas toujours mené large : « J’avais peur de prendre un KO, de ne pas pouvoir finir parce que je n’ai pas assez de cardio ou de me faire humilier. Mais je crois que j’ai fait mon boulot. Je n’étais pas au top mais je suis là pour apprendre. »
« C’est comme avec votre femme… »
Au pied du mur, l’homme a su surmonter ses appréhensions : « J’ai bien vécu le truc. Je me suis marré. Vu de l’intérieur, ce n’était plutôt pas mal. Le réalisateur, c’est Olivier Bonine. Moi, j’ai un rôle et je dois faire mon truc. Je suis rentré dans un truc qui n’est pas du tout un truc d’angoisse. En effet, si l’on s’angoisse avant d’arriver, si l’on se met un truc comme ça dans la tête, ça ne sert à rien. Dans ce cas, j’aurais dû rester à la maison. Les coups ce n’est pas un problème. Ce qui est dur, c’est ce que les coups font au mental. » Et le réalisateur de La Haine de se livrer à une comparaison fleurie : « En fait, c’est comme avec votre femme. Soit vous êtes jaloux d’elle et vous n’êtes pas heureux d’être avec elle ; soit vous prenez du plaisir à ce que les hommes la regardent. Là, j’étais amoureux du ring. Je savais que si je commençais à être tendu… Je n’ai pas voulu faire autre chose que me faire plaisir car si vous retournez le truc à l’envers, vous pouvez être très angoissé et perdre 100 % de vos capacités. »
Par Alexandre Terrini
Mise en ligne par Olivier Monserrat-Robert
Crédit photos : Eric Balendent