Michel Soro a tout perdu

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Le Français (35 v, 1 n, 3 d) a été arrêté (9e) à tort et hors délai par l’arbitre lors de sa demi-finale mondiale WBA des super-welters contre l’Ouzbek Israil Madrimov (8 v), le 17 décembre, à Tachkent. Un revers qui ne sera pas sans conséquences.

Le duel débutait dans une ambiance pour le moins musicale dans les tribunes, au son des tambours et des trompettes qui rythmaient les encouragements scandés par le public à l’intention de son favori. Rien qui n’impressionnait Michel Soro, lequel entamait les hostilités de manière placide et sereine, avec son direct du gauche en guise de vigie mais aussi de première arme pour planter quelques banderilles. L’Ouzbek était dans des dispositions comparables, si bien que les deux rounds initiaux étaient dédiés à une observation mutuelle, personne ne se résolvant à enflammer le match. Toutefois, bien que prudent, Israil Madrimov commençait à montrer des velléités en durcissant progressivement les échanges et en cherchant à passer sa droite. Sa boxe était sobre, en s’efforçant d’allier puissance et justesse gestuelle. Ses crochets aux flancs ou à la face étaient parfois agrémentés d’uppercuts opportuns.

Veillant au grain et vigilant défensivement avec une garde bien haute, le visiteur répliquait essentiellement en misant sur son bras avant mais sans réellement enchaîner ni imprimer de variations de rythme. Certes précis, il ne parvenait pas, en revanche, à déstabiliser son rival, comme si sa boxe était, une fois n’était pas coutume, un tantinet stéréotypée et moins inspirée qu’elle ne l’est habituellement.

Les débats n’étaient pas déséquilibrés… jusqu’à ce que l’impensable se produise

Au contraire, c’était même l’Ouzbek qui voyait, dans la quatrième reprise, son travail de sape payer. Ses coups lourds, qui alternaient les zones d’impact, trouvaient leurs cibles et le Rhônalpin encaissait stoïquement sans broncher. Rebelote dans la cinquième quand il était atteint au visage. Plus les minutes passaient et plus Israil Madrimov prenait lentement mais sûrement l’ascendant à force d’être plus actif mais aussi mobile. Même s’il avait une fâcheuse tendance à repousser systématiquement son opposant avec son épaule, ses déplacements latéraux lui permettaient de guère s’exposer aux remises du Villeurbannais et de fréquemment conclure les échanges à son avantage. Toutefois, il lui arrivait de sciemment rester en face et, là encore, d’apporter la contradiction sans génie pugilistique mais avec une réelle efficacité, en étant bien campé sur ses appuis et impactant.

Les débats n’étaient au demeurant pas déséquilibrés. Simplement, Israil Madrimov donnait l’impression d’en faire toujours un peu plus et un peu mieux à mesure que les minutes s’égrenaient. Même lorsqu’il était touché, Michel Soro répondait du tac au tac mais se révélait, hélas, moins incisif. Jusqu’à ce que l’impensable se produise. Secoué par deux énièmes droites à la mâchoire, il vacillait et reculait mais toujours en ayant les mains levées. L’arbitre n’entendait pas le gong marquant la fin du neuvième opus et laissait l’Ouzbek se déchaîner sur le Français avant d’arrêter tout bonnement ce dernier.

Un talent bridé par l’épidémie de Covid-19 et les affres du boxing business

Une erreur gravissime non seulement sur le plan réglementaire, puisqu’il était alors, bien sûr, interdit de continuer à frapper, mais aussi sur le plan sportif car rien n’indiquait que le protégé d’Abel Sanchez n’était plus en mesure de continuer à en découdre. Certes, si la confrontation était allée à son terme, il est fort probable qu’il se fusse incliné aux points d’autant qu’il accusait un retard sur les bulletins des juges. Mais on ne sait jamais ce que réserve la glorieuse incertitude du noble art…

Le clan du Français va porter réclamation auprès de la WBA qui devra statuer en entérinant ou en invalidant ce résultat. Nul doute que sa décision ne sera pas sans incidence sur la suite de la carrière de Michel Soro. Qui, à trente-quatre ans, a vu son formidable talent être bridé par l’épidémie de Covid-19 - lui qui n’était plus remonté sur un ring depuis deux ans - et par les affres du boxing business quand on sait qu’il n’a jamais disputé un championnat du monde à part entière. Lamentable et terriblement injuste.

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