Un sacré poids pesait sur les solides épaules du super-lourd (+91 kg) nordiste. De son résultat en quart de finale, face à l’Anglais Frazer Clarke, dépendait le fait que la boxe tricolore ne reparte pas fanny du Japon. L’arbitre a changé la donne en le disqualifiant abusivement. L’affaire n’en restera pas là
La pression et l’enjeu n’annihilaient en rien les velléités du fausse-garde tricolore qui démarrait comme il le fallait, avec son bras avant en guise de tête chercheuse et sa gauche pour porter l’estocade. Sans jamais se jeter ni se précipiter, sa vitesse gestuelle et sa précision lui permettaient de trouver la faille. Ses enchaînements étaient aussi impeccables qu’imparables pour le Britannique, lequel était littéralement dépassé. Une prestation remarquable toutefois légèrement ternie par deux bémols : un main gauche un peu basse qui l’exposait aux droites du sujet de Sa Gracieuse Majesté et, surtout, des chocs de têtes répétés, au point que Frazer Clarke était ouvert à l’arcade sourcilière gauche à la fin du premier opus attribué de justesse (3-2) au Français. On se demande comment deux juges ont pu voir ce dernier perdant…
Une discussion en coulisses, hors du champ des caméras
Dans le round suivant, le pugiliste de Ronchin, toujours aussi volontaire, continuait à imposer un rythme élevé aux débats même si, à cause de moyens de défense parfois un peu négligés, il se faisait contrer par deux fois. Cependant, pas de doute, il rendait une copie probante, tant à distance que de près où ses séries des deux mains au visage déstabilisaient son rival. Qui, en quête du moment opportun pour déclencher, venait souvent s’empaler sur Mourad Aliev avec, à la clef, ce qui est classique lors d’un duel mettant aux prises un gaucher et un droitier, des crânes qui se télescopent. La responsabilité étant, a minima, imputable aux deux protagonistes. Sauf aux yeux de l’arbitre qui, à quatre secondes du terme de la seconde reprise, décernait un avertissement au Tricolore et, dans la foulée, le disqualifiait purement et simplement, le jugeant unique coupable de la chose, son adversaire ayant été, entre temps, blessé aux deux yeux.
Fou de rage, on le serait à moins, le récent vainqueur du TQO de Villebon hurlait son désespoir, criait au vol - « C'est injuste, tout le monde a vu que j'ai gagné » - et, en guise de protestation, refusait de descendre du ring de longues minutes durant. Il s’y résolvait finalement lorsque des membres du CIO proposaient au staff de l’équipe de France de discuter de l’affaire en coulisses, hors du champ des caméras.
« L’Anglais a été coupé sur des coups de poing réguliers et non de tête »
« L’Anglais a été coupé sur des coups de poing réguliers et non de tête. Mourad a donc écopé d’un avertissement totalement injustifié, insiste John Dovi, manager général des équipes de France seniors masculines. En outre, l’arbitre n’a pas respecté la procédure : au lieu de donner un avertissement à Mourad, s’il estimait que ce dernier était fautif, puis de convoquer ensuite le médecin, il a fait l’inverse comme s’il s’agissait de légitimer sa sanction par un diagnostic ! Quand nous avons fait un setting, le superviseur de la compétition a revisionné le combat avec d’autres officiels. Il est revenu vers nous pour nous dire qu’il y avait effectivement eu une erreur arbitrage mais que, réglementairement, on ne pouvait pas changer le verdict. »
Lésé, Mourad Aliev ne décolérait pas au micro de France Télévisions : « C'est un scandale, c'est n'importe quoi. Ça veut dire que quelqu'un d'innocent, il (l’arbitre, N.D.L.R.) le condamne. Tout le monde sait qu'il est innocent mais il le condamne quand même. Je n'ai pas les mots, franchement. C'est pour ça que j'essaie de rester. Je me suis toujours battu contre les injustices et là, aujourd'hui, je subis une injustice. Tous mes entraîneurs, tous les supporters, tous les gens qui ont vu le combat savent que j'ai gagné. Je me suis fait voler. Vraiment, c'est un vol. C'est une décision vraiment arbitraire et je suis déçu. Il a été ouvert au premier round. Normalement, le règlement stipule que s'il y a un saignement, on arrête. L'arbitre, j'ai vu qu'il faisait des manières et là, j'ai su qu'il allait y avoir une entourloupe. Ça a continué. Au, deuxième round, je lui ouvre l'autre arcade. Là, il saigne à flots. Il arrête le combat et il me disqualifie. Je ne sais même pas pour quelle raison. Alors que ce sont mes poings qui ont fait ça. Ils parlent de valeurs de l'olympisme. Elles ne sont même pas respectées. C'est arbitraire. Il me dégage du ring, il me dit : « Tu perds. Allez, ciao, rentre dans ta chambre, va te laver, fais tes affaires, rentre chez toi. » Je rentre bredouille alors que j'aurais pu au moins ramener une médaille de bronze. »
Un recours auprès de la task force du CIO, voire du TAS
De quoi justifier le recours adressé par la Fédération française de boxe (FF Boxe) auprès de la task force du Comité international olympique (CIO) en charge de l’organisation du tournoi de boxe afin de ne pas léser Mourad Aliev, lequel aurait effectivement dû poursuivre son parcours dans la compétition et, ainsi, avoir l’assurance de figurer sur le podium. Si l’action de la FF Boxe venait à être rejetée, elle saisirait alors le Tribunal arbitral du sport (TAS). « Après m'être entretenu avec Madame Brigitte Henriques, Présidente du Comité national olympique et sportif français (CNOSF), et son prédécesseur, Denis Masseglia, nous déposerons cette réclamation que nous ferons suivre d'un communiqué en expliquant nos arguments qui s'appuient sur les règlements de la boxe amateur olympique. », explique Dominique Nato, Président de la FF Boxe. Et ce, donc, avec le concours logistique du CNOSF, a expliqué sa Présidente au micro de France Télévisions : « On est en train de constituer un dossier avec notre service juridique pour contester la décision et faire ce qui est en notre pouvoir. Le CNOSF travaille ardemment en espérant que l'on puisse faire bouger les choses. Ce n'est pas gagné mais Mourad a tout notre soutien. Qu’il sache que le CNOSF est mobilisé