La Française (10 v) a livré une prestation probante pour s’emparer, le 16 décembre, au casino d’Enghien-les-Bains, des titres vacants IBF Intercontinental et WBA Gold des super-plumes. Pour cela, elle a battu, à l’unanimité des juges (100-90, 99-91, 100-90), l’Argentine Victoria Noelia Bustos (26 v, 1 n, 9 d).
L’Yvelinoise débutait les hostilités à la perfection, en respectant à la lettre le game plan. A savoir, tirer tout le parti de sa taille et de son allonge supérieures en gardant suffisamment d’espace entre sa rivale du jour et elle. C’était en effet là le meilleur moyen de déployer ses segments mais également de ne pas s’exposer d’autant que la Sud-Américaine, elle, n’était jamais plus à l’aise qu’en corps à corps. L’autre arme fatale de la locale consistait à miser sur sa mobilité et à se déplacer immédiatement après avoir touché pour ne pas demeurer dans la zone de contact.
Des consignes auxquelles elle se tenait scrupuleusement. Bien lui en prenait car passé le premier tiers de la confrontation, la Latina, qui était un peu un diesel, entrait pleinement dans le vif du sujet. Elle parvenait alors davantage à se rapprocher, voire à coller de la Française. Et lorsque cela était le cas, elle était, évidemment, toute à son aise de près, en débitant sans parcimonie aucune, notamment en uppercuts mais aussi en visant les flancs de l’Yvelinoise.
Cependant, de telle velléités ne mettaient pas à mal la Francilienne qui arrivait à juguler son tempérament offensif afin ne pas faire le jeu de sa contradictrice et à déclencher de plus loin après avoir effectué le pas de retrait ou de côté - au choix- qui s’imposait. Certes, dès qu’elle restait un peu trop longtemps en face, l’Argentine, véritable rouleau compresseur, qui, par le passé, avait rencontré les meilleures (Katie Taylor, Cecilia Braekhus, Chantelle Cameron etc.), s’en donnait à cœur joie en crochets des deux mains. Cependant, même dans cette configuration, qui n’était pourtant pas celle initialement souhaitée, la Tricolore réussissait, là encore, à prendre l’ascendant grâce à sa plus grande vitesse gestuelle, sa précision et à un panel technique plus étoffé. En outre, elle avait la lucidité de monter les mains et de bloquer la plupart des attaques de son adversaire. Surtout, c’est elle qui combinait de manière la plus élaborée avec un coup d’œil au service d’une vista appréciable.
« Je compte bien aller défier Alycia Baumgardner »
Si, l’essentiel du temps, elle s’évertuait à exploiter au maximum la surface du ring, Rima Ayadi faisait mieux que soutenir la comparaison les fois où elle acceptait sciemment l’épreuve de force. Pareille configuration ne la rebutait nullement tant elle avait le bon goût de l’aborder avec intelligence, notamment en alternant distance et mi-distance. A l’aise dans tous les compartiments pugilistiques, elle faisait parler son bras arrière, tantôt en ligne, tantôt en cross. Une partition suffisamment aboutie pour que les juges consacrent, sur leurs bulletins, son cavalier seul.
Pour son plus grand bonheur, tant ce succès était, pour elle, un soulagement et une délivrance. « J’ai morflé pour arriver à ce combat, expliquait-elle, à chaud. Il a été reporté plusieurs fois. Par ailleurs, j’ai eu une fissure à la main. Sans compter le fait d’avoir eu à perdre huit kilos. J’ai progressé techniquement, tactiquement et psychologiquement. A présent, on est à un match du championnat du monde. Je compte bien aller défier Alycia Baumgardner (détentrice des ceintures WBC, WB, WBO et IBF, N.D.L.R.). On n’a pas peur des Américaines. »