Le sociétaire de Saint-Avé Boxe (20 v, 7 d) a brillamment conservé son titre WBC International des welters en dominant, aux points (97-92, 94-95, 96-93), Yanis Mehah (17 v, 2 d), le 7 décembre, à Aix-en-Provence.
La confrontation débutait par un round d’observation fait de touchettes et de banderilles plantées avec des directs par les deux protagonistes avant que la situation commence à se décanter et à s’emballer au bout de deux bonnes minutes, lorsque l’un et l’autre se décidèrent à tenter d’enchaîner quelque peu. Il n’en demeurait pas moins qu’ils boxaient dans le même registre, sur le coup d’œil et la vitesse, en cherchant à trouver l’ouverture. On était là dans une configuration très proche de l’escrime du poing.
Sandy Messaoud avançait mais ne courait pas après Yanis Mehah qui, lui, misait sur sa mobilité. Dans la troisième reprise, le Breton se mettait à accélérer en multipliant les séries courtes des deux mains tout en variant les cibles et en ne négligeant nullement le travail au corps, ce qui le rendait un tantinet plus productif.
Son rival, lui, avait le tort d’être un peu (trop) attentiste, d’en découdre les mains basses et en contres. En outre, ses remises, le plus souvent sur un coup, manquaient de continuité. Sans compter un déficit d’allonge, ses frappes arrivant parfois en bout de course. Si bien que Sandy Messaoud n’était jamais malmené. Mieux, il prenait lentement mais sûrement l’ascendant. Il esquivait à satiété et se montrait surtout le plus productif en exerçant un pressing savamment dosé qui lui permettait de marquer des points sans tomber dans la nasse du Berjallien.
Lequel était en train de perdre la bataille des bras arrière. Dans le sixième opus, il posait d’ailleurs un genou à terre après avoir été touché au foie sur un uppercut. Le fausse-garde morbihannais tentait, évidemment, de porter l’estocade. En martelant les flancs de son contradicteur, il l’obligeait à baisser les coudes pour protéger son buste, ce qui exposait son visage aux crochets du tenant.
« Je suis toujours la personne que l’on n’attend pas »
Mais très vaillant, Yanis Mehah ne cédait pas. En revanche, il pâtissait cruellement de son manque d’activité et, à l’évidence, ne trouvait pas la solution. Trop souvent sur le reculoir et dans la réaction avec, de surcroît, un temps de retard, il répliquait de manière assez stéréotypée, avec des droites-gauches en ligne, en privilégiant trop la puissance au détriment de la vitesse et du volume. Dans ces conditions, Sandy Messaoud n’avait aucune raison de changer son fusil d’épaule, au contraire.
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Le duel, lui, était extrêmement plaisant, avec beaucoup de continuité dans les échanges et des pugilistes stylistes et techniques, très peu adeptes des irrégularités. Conscient de son retard, l’élève de Papou Ouajif jouait son va-tout dans les six ultimes minutes en s’efforçant de durcir au maximum le mano a mano. Quitte, pour cela, à accepter davantage l’épreuve de force à mi-distance. Mais les jeux étaient déjà faits et Sandy Messaoud ne se débinait pas sans pour autant se jeter dans la gueule du loup, ses jabs lui permettant de gérer lucidement le restant en dépit d’une arcade sourcilière gauche ouverte depuis belle lurette. Dans ces conditions, il l’emportait sans qu’il n’y ait à redire.
Un succès qu’il tenait, trente-huit ans, à remettre en perspective à l’aune de sa carrière : « Je suis fier de mon parcours. Je n’ai jamais choisi mes adversaires. Je suis toujours la personne que l’on n’attend pas. Maintenant, depuis deux ou trois ans, on commence à me respecter. »