Bien que défait par arrêt de l’arbitre (10e), à Londres, le 15 août dernier, par l’Irlandais Michael Conlan (14 v), l’Ardennais (35 v, 1 n, 5 d) a envie, à trente-cinq printemps, de prolonger encore un peu son périple entre seize cordes. Avec de réelles ambitions.
Bien sûr, il y a le résultat brut - un échec avant la limite, le second consécutif après celui face à Josh Warrington, en championnat du monde IBF des plumes, le 12 octobre 2019, à Leeds, - mais il y a aussi la manière. Or, le Tricolore n’a nullement été surclassé par Michael Conlan, médaillé de bronze olympique en 2012 en -52 kg puis champion du monde amateur 2015 en -56 kg. « L’analyse de ma prestation est positive, commente-t-il. J’en retiens plein de bonnes choses. J’ai eu de bonnes sensations. J’ai réussi à mettre Conlan en difficulté et à ce qu’il se pose des questions. Sincèrement, je suis optimiste pour l’avenir et confiant. Je sais qu’il y a encore des réglages à faire que je n’ai pas eu le temps d’effectuer avec seulement cinq semaines à la salle. Néanmoins, ce que l’on a fait est déjà beau. Cela a été une belle aventure, en particulier humaine. Il ne faut pas oublier que je sortais d’un défaite au deuxième round contre Warrington et que j’ai pris le risque d’aller en Angleterre. La plupart des gens auraient affronté un adversaire de seconde zone. Moi, j’ai accepté de rencontrer ce boxeur qui est vraiment de bon niveau car quand on est tombé de cheval, la meilleure chose à faire, c’est de remonter directement dessus. »
Simplement, Baby Face a pâti de ses dix mois d’inactivité. « Je l’ai senti, confirme-t-il. Si bien que j’ai manqué à la fois de ring, de rythme et de confiance en mes moyens. Tout va ensemble. Et puis, même si je m’étais entretenu pendant le confinement et que je travaille un peu dans le bâtiment, ce qui m’aide à garder la ligne, j’aurais préféré avoir un peu plus de temps de préparation et disputer un match de reprise. »
« Je suis un vieux briscard qui a encore faim »
On l’aura compris, Sofiane Takoucht, qui s’est entraîné au BAM L’Héritage sous la houlette des frères Hallab et qui entend poursuivre cette collaboration, n’a pas dit son dernier mot gants aux poings : « Je suis encore en pleine force de l’âge et je n’ai pas été trop marqué par les coups. Certes, je sais que c’est bientôt la fin. Cependant, il y a toujours la flamme et l’envie. Je suis un vieux briscard qui a encore faim et à ne pas négliger. J’ai bien plu aux Anglais. Peut-être vont-ils me rappeler. Pourquoi ne pas briguer une ceinture intercontinentale ou le titre EBU ? Dès que j’aurai une opportunité, je sauterai sur l’occasion. On verra ce que l’on me proposera. Moi, je n’ai pas de manager ni de promoteur. On me croit sur le déclin mais c’est à moi de prouver le contraire. Ceux qui connaissent la boxe savent… »
Pour le reste, l’ancien champion d’Europe possède un café à Charleville-Mézières qu’il a fermé temporairement car outre sa carrière pugilistique, il se consacre à un autre projet : l’ouverture, d’ici le début de l’année prochaine, dans des locaux qui lui appartiennent, d’un club de boxe, le Ring Marcel Cerdan, toujours dans la ville chère à son cœur.