La conférence de presse de présentation du championnat du monde WBA gold des super-welters, lequel aura lieu, le 15 novembre, à l’AccorHotels Arena, a été l’occasion, pour les deux protagonistes, de se livrer à une nouvelle joute verbale à gant moucheté.
Un petit peu d’histoire avant d’entrer dans le vif du sujet, les hasards du calendrier faisant bien les choses. En effet, le dernier championnat du monde franco-français à Bercy, en l’occurrence celui opposant Julien Lorcy à Jean-Baptiste Mendy pour le titre WBA des légers, a eu lieu il y a vingt ans, le 10 avril 1999. Et c’était Michel Acariès, le père de Sébastien, lui aussi devenu promoteur et grand ordonnateur de la soirée de ce vendredi, qui en était à l’origine. En revanche, de mémoire, on n’a pas souvenir que ce duel ait été précédé d’autant de passes d’armes que celui qui mettra aux prises le tenant, Michel Soro (34 v, 1 n, 2 d), à son challenger, Cédric Vitu (47 v, 3 d). Il faut dire que c’était un temps où les réseaux sociaux n’existaient pas.
« Cédric a appris dans le défaite et aujourd’hui, il est encore plus fort »
Devant la presse, mardi dernier, les rivaux ont d’abord confirmé qu’ils étaient remontés comme des pendules et affutés comme jamais. Michel Soro : « Je suis prêt. J’ai vraiment respecté mon adversaire lors cette préparation parce que cela a été très très dur avec des sparring-partners de qualité. Mon entraîneur, Abdel Sanchez, ne m’a pas ménagé. » Même son de cloche de la part de Cédric Vitu qui est allé parfaire sa condition physique à La Baule, avec Dominique Paris, qui s’occupa jadis d’Oscar De La Hoya, avant de suer à Valence, sous les ordres de Nicolas Riffard : « La préparation s’est bien passée. On a mis tous les ingrédients pour être prêt. Avant mon combat contre Brian Carlos Castano, j’étais un peu dans ma zone de confort. Là, j’ai fait tout ce que je n’aimais pas. Je me suis dit : « N’esquive plus. C’est peut-être là que tu as pêché. » J’ai fait le boulot pour le battre. J’ai fait ce qu’il fallait pour être libre et heureux vendredi soir. »
Cette défaite avant la limite en championnat du monde, au bout de la souffrance physique et morale, face à Brian Carlos Castano, parlons en justement. Question que tout le monde se pose : est-elle digérée ? Jean-Christophe Vitu, paternel de Cédric, n’en doute nullement : « Après avoir vu le combat et les coups que Cédric avait pris, car il était passé complètement à travers, j’avais dit que cela allait laisser des traces. Or, Cédric n’a pas aucune trace. En tant que père et entraîneur, je suis très rassuré. Cédric a appris dans le défaite et aujourd’hui, il est encore plus fort. »
« Pour moi, chaque combat est une guerre »
En tout cas, le Picard a semblé aussi à son aise devant un micro que dans le carré magique. Il y est allé crescendo et franco quand il s’est agi d’évoquer son meilleur ennemi : « Il est toujours en train de dire qu’il va me mettre KO, que ces sparrings ont été durs, qu’il est dans une guerre et qu’il va faire la guerre. Alors que la vraie guerre, ce n’est pas ça, ce n’est pas sur un ring. La boxe, c’est un beau sport, c’est le noble art. » Jusque-là, rien à dire ou presque. Mais ensuite, le Creillois n’a pu s’empêcher de manier le second degré et de se montrer un peu plus vindicatif : « Michel Soro, c’est un mec adorable qui se bat pour sa famille (sic). Il est crispé mais la boxe, ce n’est pas tout dans les bras. C’est aussi dans le cerveau C’est une école de la vie. Il faut être intelligent sur un ring. Il ne suffit pas d’avoir des muscles et d’aller s’oxygéner dans les montagnes parce que l’oxygène peut monter au cerveau et ce n’est pas bon. Il a une potion magique ? Il est allé sur la Lune ou quoi ? » Et de porter l’estocade : « Oui, je ne l’aime pas. Il est prétentieux. Mais je l’aimerai à la fin. Je vais lui prendre sa ceinture et après, on ira faire la fête ensemble. » Le Picard a néanmoins la reconnaissance du ventre : « Ce n’est que du bonheur. Pour moi, c’était terminé après Castano. Je me demandais ce que j’allais faire. Je remercie Michel Soro d’exister. Je suis venu le défier sur le ring, à Marseille. Aujourd’hui, il me donne ma chance. Mes respects. C’est le top. En plus, je vais être champion du monde… »
Par nature hermétique à ce genre de surenchère médiatique, le Lyonnais a réagi plus sobrement, sans s’épancher outre mesure, en animal à sang froid qu’il est. Pour lui, c’est entre seize cordes et non sur les estrades qu’il entend en découdre : « Je ne suis pas très réseaux sociaux. Je ne passe pas ma vie à montrer ma tête. Je montre juste mes entraînements pour ceux qui me suivent et c’est tout. Je n’ai pas pensé à tout ce qu’il a pu raconter avant. En fait, je m’en fous. Il y a beaucoup de choses qui ont été dites. Il fait beaucoup d’ironie quand il dit que je suis un mec adorable. Je pense qu’il n’assume pas ce qu’il a dit avant le combat. Après, je m’en fous. Ce qui m’intéresse, c’est de combattre. Et oui, c’est une guerre. Pour moi, chaque combat est une guerre. La boxe n’est pas un jeu. Cela reste un sport mais un sport dangereux. On peut faire des guerres intelligentes et je vais le faire parce que je suis entraîné pour ça. »