Le 4 novembre, à Monte-Carlo, le Français a conservé sa ceinture WBC silver des welters en dominant, aux points (118-109, 118-109, 117-110), le Mexicain Isaias Lucero (16 v, 2 d). Un succès qui le rapproche un peu plus d’une opportunité planétaire.
Endiguer la fougue du Mexicain, en particulier sa droite : le Français savait ce qu’il avait à faire. En l’occurrence, laisser venir son rival en donnant son direct du bras avant de tourner à bon escient et surtout en remisant sans cesse. Le local s’y employait dans son élégant short rouge et noir. Le Latino, lui, ne s’en laissait pas compter et durcissait les échanges dès qu’il le pouvait. Rien qui n’impressionnait, cependant, le Parisien, lequel veillait au grain avec son coup d’œil et sa science du ring. Vigilant défensivement, la garde bien hermétique, il contrait magistralement son contradicteur d’une droite au menton dans la deuxième reprise. Envoyé au tapis et compté, ce dernier se relevait et repartait à l’assaut.
Le Tricolore ne tombait pas dans le piège de la précipitation ni de l’excès de confiance. Il continuait à construire et à miser sur sa gauche en piston. Son jeu de jambes millimétré lui permettait à la fois d’esquiver et de frapper sous des angles divers grâce à sa gestuelle ciblée et explosive.
Il n’empêche, son adversaire faisait planer une réelle menace en avançant autant qu’il le pouvait, certes sans grand génie, de manière très stéréotypée et dépourvue d’un réel travail de feinte. A mesure que les minutes passaient, la classe et la vista du Parisien lui offraient l’opportunité de creuser progressivement l’écart mais, surtout, de se prémunir du danger que représentaient les coups lourds du visiteur incapable de reculer. En somme, Souley, très concentré, était dans la gestion… active avec des attaques et des répliques toujours très justes. En témoignait le visage ensanglanté de son opposant qui justifiait un examen du médecin dans la neuvième.
« En haut du classement, ce sont des grosses têtes et il faut être plus méchant. »
Les mains bien hautes, l’élève de Virgil Hunter se libérait au fil des minutes après onze mois d’inactivité forcée pour cause de blessures répétées. Et ce, sans s’emballer et en occupant à satiété tout l’espace du ring. Chaque fin de round était à son avantage. Une poignée de combinaisons simples en dépit d’une arcade sourcilière gauche malmenée offrait au médaillé olympique une succès rassurant et, somme toute, probant même s’il n’est pas survenu avant la limite faute d’avoir su véritablement accélérer.
« J’aurais aimé mais le Mexicain était dur au mal, expliquait le tenant sur RMC Sport. Je suis content d’être remonté sur le ring. Si je veux devenir champion du monde, il faut encore travailler. J’espère que je vais continuer à progresser. C’est une superbe victoire mais en haut du classement, ce sont des grosses têtes et il faut être plus méchant. Je n’aurais pas dû me mettre au niveau d’Isaias Lucero car je suis largement au-dessus de lui. » Réponse de son promoteur, Eddie Hearn, toujours au micro de RMC Sport : « Je veux voir Souleymane sous pression face à un adversaire de très haut niveau. C'est le numéro un en France. On va voir si la France peut avoir un champion du monde. »