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En quarts de finale des Jeux européens, à Cracovie, cinq Tricolores - Wassila Lkhadiri, Estelle Mossely, Amina Zidani, Sofiane Oumiha et Makan Traoré - ont décroché leur billet pour Paris 2024. Un scénario idéal.

« Wassila Lkhadiri a vraiment été brillante »

Honneur aux femmes, pour commencer, avec Wassila Lkhadiri (-50 kg) qui a réalisé une très grande performance en venant à bout (3-2) de l’Irlandaise Daina Moorehouse. A la clef, l’assurance d’être de la fête olympique dans un an. « Elle a eu affaire à une fausse-garde plutôt contre-attaquante et qui se déplaçait latéralement. Son entame a été correcte même si elle a perdu le premier round à cause d’un manque d’efficacité et de précision de son bras arrière qu’elle déclenchait d’un peu trop loin, décrypte le DTN, Mehdi Nichane. Dans le deuxième, Wassila a imprimé plus d’intensité et a davantage collé la Britannique mais avec encore un peu de déchet. Elle s’est parfois fait mettre dans le vent lors de certaines actions, ce qui n’a pas été sans conséquence sur le rapport de séduction à l’égard des juges qui ont eu le sentiment que Daina Moorehouse gérait et que Wassila avait des difficultés à cadrer. En revanche, au cours de la troisième reprise, elle a non seulement mis de l’engagement mais elle a boxé de manière extrêmement intelligente, en faisant déclencher l’Irlandaise pour, ensuite, défendre et revenir derrière en initiant elle-même une action. Elle a vraiment été brillante pour aller chercher la victoire avec ses tripes mais également avec une maîtrise technico-tactique très intéressante. »

« Estelle Mossely a réalisé une master class »

Vainqueur (4-1) de la Kosovare Donjeta Sadiku, Estelle Mossely (-60 kg) verra Paris. La Francilienne « a réalisé une master class lors des deux premiers rounds, qu’il s’agisse des déplacements, de l’utilisation du bras avant, du travail à distance, des enchaînements, estime Mehdi Nichane. C’est là qu’elle a construit sa victoire. En revanche, le troisième a été un peu compliqué car elle est davantage allée à la bagarre dans la mesure où son adversaire était plus agressive. Estelle est moins parvenue à la contenir alors que les échanges se terminaient beaucoup à mi-distance. Plus petite, la Kosovare était à sa distance et donc plus précise qu’Estelle qui, avec ses longs segments, étaient un tantinet brouillonne. Il lui a manqué un peu de jambes et la capacité à stopper Donjeta Sadiku avant qu’elle ne rentre sur elle. En tout cas, Estelle a fait montre de qualités qui prouvent qu’elle fait actuellement partie des meilleures Européennes. Sa demi-finale face à l’Irlandaise Kellie Harrington sera un vrai test. »

« Amina Zidani est sur une très bonne dynamique »

Comme depuis le début du tournoi, Amina Zidani (-57 kg) a été impériale et a décroché son billet pour Paris en étrillant (5-0) l’Azérie Mahsati Hamzayeva. « Elle l’a prise de vitesse grâce à un gros travail en directs du bras avant, au point de mystifier l’Azérie dans le premier round, résume Mehdi Nichane. Tout ce qu’elle a fait a été très propre et qualificatif même si, ensuite, Amina a eu tendance à avoir des temps de défense assez passifs et prolongés sans toujours contre-attaquer derrière. Si, en boxe professionnelle, cela permet de casser le rythme, en boxe amateur, cela ne rapporte pas grand-chose. Cependant, Amina a réalisé un cavalier seul. Elle est sur une très bonne dynamique. Elle est en confiance. Elle a les mains basses car elle est sûre de son coup d’œil et de voir arriver les coups délivrés par ses adversaires. C’est très positif car cela signifie qu’elle est relâchée et donc qu’elle va plus vite gestuellement. »

« Techniquement, Davina Michel est au-dessus »

Quant à Davina Michel (-75 kg), qui a dominé (4-1) l’Italienne Melissa Gemini, elle se rapproche chaque jour un peu plus de son rêve olympique dans une catégorie où il faut, hélas, être finaliste pour aller aux Jeux de 2024. « Devant une fille très physique, en permanence sur l’adversaire car pas très bien armée sur le plan technique et qui, de surcroît, n’est pas une véritable -75 kg, elle a bien su se déplacer pour la mettre dans le vent et la contrer tantôt avec son direct du bras avant, tantôt en uppercuts du bras arrière, confirme le DTN. Néanmoins, dans la dernière reprise, à cause de la fatigue, Davina, qui avait deux points d’avance, a pris un avertissement à force d’accrocher pour gérer le rythme et diminuer l’intensité du match. Heureusement, c’est elle qui est demeurée la plus précise. » En demi-finale, la médaillée mondiale défiera l’Allemande Nicoletta Schoenberger et aura plus que jamais ses chances car « techniquement, elle est au-dessus et a acquis de l’expérience, insiste Mehdi Nichane. Sans compter une morphologie adéquate. En outre, elle a également progressé au niveau de sa condition physique. »

« Émilie Sonvico a trop été dans la gestion »

Enfin, Émilie Sonvico (-66 kg) a été la seule Tricolore à connaître une désillusion alors que sa qualification était à portée de poings face à la Belge Oshin Deriew, laquelle l’a emporté sur le fil (3-2). « Cela ne s’est pas joué à grand-chose, analyse Mehdi Nichane. Mais, contrairement au tour précédent, lors duquel elle avait réalisé un top combat, cette fois, Émilie n’en a, à mon sens, peut-être pas fait assez dans le dernier round pour convaincre les trois juges. Elle a été trop attentiste et a eu tendance à travailler sur un coup. Sans compter un manque de rigueur défensive et de placement des mains qui lui a fait prendre certains coups. Elle a trop été dans la gestion alors que l’encadrement lui avait demandé de davantage mettre la pression et d’enchaîner. Malheureusement, elle n’a pas été en capacité de le faire tout au long des trois dernières minutes de la confrontation. En revanche, et cela n’engage que moi, j’estime que nous n’avons pas forcément été bien payés en terme de pointage lors des deux premières reprises. Cela aurait pu changer les choses car si Émilie avait été en tête, elle n’aurait pas eu à aller chercher Oshin Deriew. »

« Makan Traoré s’est révélé »

Du côté des garçons, l’exploit du jour est à mettre à l’actif de Makan Traoré (-71 kg) qui a sorti le grand jeu pour éliminer (3-2) l’Azéri Sarkhan Aliyev et avoir le droit de s’aligner aux JO de Paris. « Au cours d’un combat où il y a eu beaucoup d’engagement de part et d’autre, il a arraché la victoire dans le troisième round en étant très fort mentalement pour délivrer des touches puissantes et donc nettes. Il a bien travaillé en ligne en étant également mieux placé que son adversaire qui recherchait trop la mi-distance, se félicite Malik Bouziane, entraîneur national en charge de la filière masculine. Makan est resté calme et n’a pas paniqué. Il a su ne pas confondre vitesse et précipitation. Personnellement, je ne le vois pas perdant dans la deuxième reprise. Depuis un an, il a réalisé des progrès fulgurants et il s’est révélé alors qu’il est encore jeune (22 ans) et a peu d’expérience. Ce qu’il a accompli est vraiment super. Et ce n’est pas fini car il a une grosse marge de progression. »

« Sofiane Oumiha veut aller au bout »

Fidèle à lui-même, Sofiane Oumiha (-63,5 kg) a été à son aise devant le Turc Bilge Kanli, battu sans discussion (5-0). Une formalité qui permet au triple du champion du monde d’être présent à Paris, dans un an. « Il a eu petit coup de mou dans la première reprise au cours de laquelle il a été un peu moins explosif que d’habitude mais cela ne l’a pas empêché de remporter les trois rounds en misant sur sa vitesse et sa faculté à contrer, explique Malik Bouziane. A présent, son objectif est d’aller au bout, sachant qu’il n’a jamais remporté les Jeux européens mais en a été deux fois finaliste. » Pour cela, il faudra, dans un premier temps, venir à bout de l’Irlandais Dean Clancy, au tour suivant, lequel sera sans nul doute son adversaire le plus dur depuis le début de la compétition.

« Billal Bennama a fait un récital »

Enfin, Billal Bennama (-51 kg) n’est plus qu’à trois rounds du bonheur olympique après son succès aux dépens de Jakub Slominski, disqualifié pour coups de tête répétés et qui était jusque-là dominé dans les grandes largeurs par le talent de l’Occitan. « Il nous a fait plaisir, sourit Malik Bouziane. Il a vraiment boxé intelligemment, en contres, sur les jambes et sans aller à la bagarre. Il a varié quand il le fallait. Tous ses uppercuts rentraient et il a, de surcroît, accompagné les coups tout en restant à mi-distance pour remiser dans le temps. Bref, il a fait un récital. » Surtout, le Blagnacais est ressorti de ce duel sans être blessé au visage, ce qui n’était pas gagné d’avance vu la boxe peu académique de son rival. En demi-finale, contre le longiligne Anglais Kiaran Macdonald, capable d’en découdre en reculant et de déclencher de loin, la confrontation s’annonce très tactique.

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