Le 11 juin, chez elle, à Saint-Maur, la Française (9 v, 2 d) a échoué sur le fil dans sa quête du titre WBC silver vacant des super-légères. Elle a en effet été dominée aux points, sur décision partagée (94-96, 93-97, 95-95, par la solide Mexicaine Magali Rodriguez Lopez (21 v, 2 d, 6 n). Mais elle a été à la hauteur de l’enjeu.
Tout commençait comme il le fallait pour la Tricolore qui, libérée par le coup de gong initial, en décousait comme convenu, à savoir proprement, en ligne et à distance pour gêner sa rivale et l’empêcher de débiter dans un mano a mano que le visiteuse cherchait à instaurer. Hélas, la maîtrise et l’ascendant techniques de la locale ne durèrent qu’un temps. « Victoire a bien mis en application la tactique prévue durant la première partie du combat, raconte son père et entraîneur, Sébastien Piteau. En revanche, elle a un peu baissé physiquement dans la deuxième moitié de la confrontation. Elle a pioché pour deux raisons : d’abord, à cause de la pression qui lui a bouffé du jus ; ensuite, il faisait très chaud, ce qui est, certes, valable pour les deux athlètes sur le ring mais il y a des gens qui supportent mieux que d’autres la chaleur. En toute objectivité, Victoire a remporté les trois premiers rounds et perdu nettement le sixième et le dixième. Il en reste cinq qui ont été très serrés. Il y a quand même un peu de frustration car ils n’ont pas tourné en notre faveur alors que nous étions à la maison. Je ne veux pas verser dans la polémique. Simplement, c’était un match serré, qui s’est joué sur trois fois rien et qui aurait pu basculer d’un côté comme de l’autre. »
« Nous avons prouvé que nous avons le niveau mondial »
Qu’aurait-il fallu faire pour que ce soit dans le bon ? « Que Victoire ait la capacité de maintenir l’activité qui était la sienne au début du match et qu’elle fasse aussi preuve d’un peu de vice, par exemple, quand la Mexicaine avançait tête baissée au niveau du ventre, Sébastien Piteau. Mais sur le plan technico-tactique, je n’ai sincèrement rien à lui reprocher. »
Même si c’est toujours plus facile à écrire qu’à admettre quand on s’est dépouillée corps et âme sur le ring, comme cela a été le cas de l’ancienne membre de l’équipe de France amateur, il y a des échecs encourageants. Celui-là en est indiscutablement un. « En face il y avait une vraie boxeuse de niveau mondial, insiste Sébastien Piteau. Il y a, certes, la déception du résultat mais le paradoxe, c’est qu’aujourd’hui, nous avons prouvé que nous sommes là, que nous avons le niveau mondial. J’ai envie de dire que c’est une défaite qui nous conforte dans nos aspirations. Je pense qu’une décision partagée face à quelqu’un qui a un parcours comme Magali Rodriguez Lopez prouve que cette échéance n’est pas arrivée trop tôt dans la carrière de Victoire. Il a manqué trois fois rien. »
Ce n’est donc que partie remise qui à devoir remettre une nouvelle fois, avec abnégation, l’ouvrage sur le métier : « On va se reposer tranquillement, on va retravailler et on va revenir, prévient Sébastien Piteau. Pour viser quoi ? On verra. » Une chose semble acquise : ce sera haut.