La nouvelle est tombée en ce 29 juillet comme une éclaircie au cours de cet été marqué par la menace d’une reprise épidémique. Le duel franco-français tant attendu des poids lourds entre Tony Yoka (7 v) et Johann Duhaupas (38 v, 5 d) aura bien lieu. Rendez-vous, en douze rounds, le 25 septembre prochain, soit à l’AccorHotels Arena, à Paris, soit à la Paris La Défense Arena.
« La conquête reprend ! Pour son huitième combat en professionnel, Tony Yoka affrontera, le vendredi 25 septembre, à Paris, le Français Johann Duhaupas, en combat principal d'une grande soirée boxe présentée par All Star Boxing (ex-Ringstar) et Canal+. » Le communiqué de Canal+ est venu apporter un peu de baume au cœur des amoureux du noble art délaissés depuis que le Covid-19 et le confinement ont quasiment évincé du calendrier les événements pugilistiques depuis maintenant plus de quatre mois.
Une fois l’effet de (bonne) surprise passé et exprimée la reconnaissance du monde de la boxe aux protagonistes d’avoir enfin accepté d’en découdre, le décryptage de ce duel au sommet invite forcément à l’analyse. Pour dire que celui qui aura sans doute le plus à perdre en cas d’échec est le champion olympique de Rio. Parce qu’il est celui qui est le plus attendu au tournant après ses démêlés, pour cause de trois no-shows, avec l’Agence française de lutte contre le dopage (AFLD), lesquels ont entravé le cours de sa carrière. Surtout parce qu’il n’a jamais affronté d’adversaire de la trempe de l’Abbevillois. Beaucoup lui reprochaient d’ailleurs d’avoir jusque-là opté pour des contradicteurs à sa main quand ses rivaux étrangers ne choisissaient pas la facilité. Nul doute que le Francilien fera taire les critiques s’il triomphe avec la manière du Nordiste dont certains font néanmoins leur favori sur le papier d’autant qu’il aspire légitimement à obtenir une nouvelle chance planétaire.
Ces deux-là se connaissent presque sur le bout des gants
L’un et l’autre seront bien sûr remontés comme des pendules à l’heure de régler leurs comptes dans le carré magique. Car ces ils se connaissent presque sur le bout des gants pour avoir mis les gants ensemble, il y a quelques années, quand ils préparaient respectivement leur échéance mondiale et olympique.

Puis, après Rio, l’entraide avait fait place à la guerre des mots. Alors qu’ils étaient censés se défier chez les professionnels, l’affaire ne s’était pas conclue, les deux camps se rejetant la responsabilité de ce fiasco. Si bien que l’animosité, du moins de façade, avait commencé à prendre le dessus. « Je suis très déçu de Johann, avait notamment déclaré Tony Yoka sur RMC Sport. Pour moi, c’était carré. Il disait qu’il n’avait qu’une parole. Il m’a dit que s’il perdait contre moi, il n’aurait plus d’autre chance mondiale. Son fonds de commerce, c’est : « J’ai fait dix rounds face à Wilder. » Mais tu ne l’as jamais inquiété. T’as pris des coups pendant dix rounds. On respecte la carrière que t’as fait mais t’as battu qui ? T’as battu personne ! » Johann Duhaupas n’avait pas été en reste dans les colonnes de L’Équipe : « S’il veut faire le coq, pas de problème. Il a peut-être besoin de ça. On va se mettre sur la gueule. Je ne lâche rien. Jamais. Si on s’affronte, ce sera en dix ou douze reprises. Tu vas me mettre des coups dans la gueule, Tony. Tu frapperas encore et encore mais tu vas finir par te demander ce que tu as dans les gants. Je ne te lâcherai pas Tony ! »
Les deux hommes, qui ont chacun connu les joies de la paternité, n’ont plus boxé depuis peu ou prou un an mais gageons qu’ils seront affûtés pour briller lors d’une réunion qui comptera également au programme Souleymane Cissoko et Estelle Yoka-Mossely.